Un projet de "pancréas artificiel", constitué d'une pompe à insuline connectée à un capteur de glycémie sur la peau, a obtenu des résultats positifs lors d'une première étude clinique, ont annoncé le 5 janvier 2017 ses développeurs, les sociétés françaises Cellnovo et Diabeloop.
L'étude réalisée sur 36 patients diabétiques de type 1 (insulino-dépendants) dans neuf centres différents en France a permis de tester le système dans trois situations différentes, a expliqué à l'AFP Guillaume Charpentier, président de Diabeloop, qui a conçu l'algorithme du système permettant de délivrer automatiquement et en temps réel une dose d'insuline adéquate.
Trois études cliniques pour obtenir un remboursement par la Sécurité sociale
Chaque scénario a duré trois jours.
Un premier groupe de patients a testé le dispositif "au calme", sans stress ni effort physique.
Un deuxième groupe l'a expérimenté en effectuant des repas gastronomiques, et un troisième en faisant du sport, selon M. Charpentier.
Les résultats ont été positifs dans les trois cas, mais c'est surtout les deux derniers groupes de patients qui intéressaient Cellnovo et Diabeloop : car le pancréas artificiel a vocation à réguler le taux de glycémie quand les patients n'y arrivent pas avec leurs équipements classiques, ce qui arrive notamment après des repas copieux ou une activité physique notable. "C'est là où le pancréas artificiel fait merveille, car il s'adapte en permanence à la situation. La moyenne de glycémie a été nettement meilleure" par rapport à des pompes à insuline pré-programmées manuellement, a estimé M. Charpentier.
Les résultats scientifiques détaillés de l'étude seront publiés mi-février 2017.
Ce même mois doit aussi démarrer une nouvelle étude clinique, incluant cette fois-ci 60 patients dans 12 centres, qui seront ensuite suivis à domicile sur trois mois. Cet essai aura pour but de générer des données afin d'obtenir un marquage CE, en vue de commercialiser le système dans l'Union européenne dès 2018.
Pour espérer un remboursement du dispositif par les systèmes de santé, l'étape ultime du projet, une troisième étude clinique devra être réalisée sur un plus grand nombre de patients à l'horizon 2018, a rappelé M. Charpentier.
Le diabète de type 1, qui représente environ 10% des cas de la maladie, apparaît le plus souvent de manière brutale chez l'enfant ou le jeune adulte, et se caractérise par une production insuffisante d'insuline, hormone secrétée par le pancréas qui régule le taux de sucre dans le sang (glycémie). À terme, une glycémie mal contrôlée peut entraîner la cécité, une insuffisance rénale, des accidents cardiovasculaires ou des amputations de membres inférieurs. Plusieurs autres projets de pancréas artificiel sont actuellement en développement dans le monde, y compris en France. Le 28 septembre 2016, l'Agence américaine du médicament (FDA) a autorisé la commercialisation d'un premier pancréas artificiel : il s'agit du MiniMed 670G de l'entreprise Medtronic, dont le siège est en Irlande.
Un dispositif en trois parties
Diabeloop est un dispositif de pancréas artificiel constitué de trois parties. La première est une pompe collée sur le bras, sous forme de patch. Elle délivre automatiquement de l’insuline pour abaisser le taux de sucre dans le sang et le maintenir à un taux normal (autour de 1g par litre). La seconde est un capteur disposé au niveau de l’abdomen. Celui-ci mesure le taux de sucre au niveau sous cutané. Via une connexion Bluetooth, ces informations sont transmises à la troisième partie du pancréas artificiel, située elle dans la poche du patient. Elle est représentée par un smartphone sophistiqué et personnalisé. Il analyse, via des algorithmes complexes prenant en compte différent paramètres (poids de la personne, vitesse d’action de l’insuline...), le taux de sucre circulant dans le sang pour pouvoir adapter automatiquement la dose d’insuline nécessaire qui est administrée par la pompe.
LE CAPTEUR DU PANCRÉAS ARTIFICIEL DISPOSÉ AU NIVEAU DE L'ABDOMEN PERMET DE MESURER LE TAUX DE SUCRE DANS LE SANG (GLYCÉMIE) TANDIS QU'UNE POMPE À INSULINE EST COLLÉE SUR LE BRAS SOUS FORME DE PATCH.
Article paru dans Science et Avenir